Olivier Barli commence le piano avec sa mère, Maria Majewska, à l’âge de 3 ans, qui lui transmettra l’enseignement de ses maîtres, Blumenfeld en Russie, Dobkiewitch et Dvzewiecki en Pologne. En 1970, il gagne une bourse d’études avec la pédagogue américaine Sheila Aldendorff, professeur au Mannes College de New- York, puis se perfectionnera auprès de Paul Badura-Skoda et de Murray Perahia avec lesquels il se liera d’amitié.
Poursuivant parallèlement ses études universitaires, il soutient une thèse de musicologie à la Sorbonne où il enseignera l’histoire de la musique durant quatre ans. Professeur de piano puis directeur du conservatoire Niedermeyer d’Issy-les-Moulineaux, il partage ses activités entre l’enseignement, les concerts et les enregistrements.
Ils ont dit de l'album:
"To Olivier, with worm appreciation of his talent." Murray Perahia,
Londres.
"Vous jouez Chopin avec une authentique sensibilité slave, tel un
aristocrate polonais du piano." M. Mazowiecki, Varsovie.
"Musicien d’une grande sensibilité ; pianiste et musicologue de haute
envergure". Paul Badura-Skoda, Vienne.
"Avec toute ma sympathie artistique à Olivier Barli, dont la sensibilité
musicale s’accorde si bien avec la mienne." Paul Tortelier.
"Une musicalité faite de délicatesse et de raffinement. Tout est pensé et
joué avec élégance." Gilles Cantagrel.
"A pianist of extraordinary gifts. The talent of Mr. Barli, like that
of any great artist, defies any attempt at verbal description."Sheila
Aldendorff, Mannes College of music, New York.
Présentation du Récital Chopin
Mon enfance fut baignée de musique, particulièrement celle de Chopin, ainsi que d’art lyrique italien. Ma mère, pianiste polonaise diplômée du conservatoire de Varsovie et lauréate du concours Chopin, m’a transmis l’enseignement qu’elle reçut de ses maîtres, dont l’un fut le disciple d’un élève de Chopin. Parallèlement, elle accompagnait souvent au piano mon père, ténor d’origine italienne à l’Opéra de Paris, qui m’y m’emmenait plusieurs fois par semaines.
Je suis convaincu de l’importance de nos émotions musicales éprouvées durant nos jeunes années et de leur influence sur nos goûts musicaux. Mes parents me racontaient que, commençant tout juste à parler, j’aurais demandé « pourquoi Chopin pleure » en écoutant l’étude en do dièse mineur de l’opus 25 : le chant (celui du ténor, ou d’un violoncelle) y est omniprésent, tandis que certains airs d’opéra continuent à me bouleverser.
Cette puissance expressive de la voix humaine, on la retrouve dans de nombreuses oeuvres de Chopin, jusqu’aux ornementations de ses nocturnes, concertos, ballades, qui sont directement issues du bel canto. Je ne cesse de le dire à mes élèves : il faut respirer et prendre le temps de les chanter. Lors de mes recherches de thèse de doctorat en musicologie, j’ai remarqué l’importance qu’accordaient les facteurs de piano à la longueur du son, sa beauté, cherchant par tous les moyens à le prolonger sans avoir à frapper la touche, comme l’archet sur une corde ou le souffle dans l’instrument à vent. Malgré sa mécanique à marteaux, je ne parviens pas à considérer le piano comme un instrument à percussion, d’où mon goût pour un répertoire de "piano qui chante" : Mozart, Schubert, Mendelssohn, Schumann, Brahms, et j’ajouterai Bach pour lequel j’éprouve une admiration particulière, et dont on oublie parfois que son oeuvre est essentiellement écrite pour la voix, son premier instrument.
Mais la mélodie nécessite le soutien de l’harmonie sans laquelle la tension tonale n’existerait pas, et Chopin est un harmoniste exceptionnel. Son génie musical, très vite reconnu, n’a cessé de progresser malgré une existence trop courte. La question (pour ne pas dire la querelle) de savoir s’il est un compositeur polonais ou français ne devrait pas se poser en termes si exclusifs : ses modèles sont Bach et Mozart, il aime l’opéra italien (son entourage aurait voulu faire de lui le compositeur national de l’Opéra polonais), son coeur est en Pologne, et il tentera de trouver à Nohant le bonheur de ses jeunes années passées dans la campagne polonaise où il écoutait les danses folkloriques. Imitateur doué pour le théâtre, son humour aurait pu faire de lui un grand comédien si la vie ne lui avait réservé un autre destin. Une santé fragile (les premiers signes de la tuberculose vers 16 ans, qui frappait fréquemment à l’époque, et la mort de sa soeur Emilia âgée de 14 ans elle-même atteinte, qui l’affectera profondément), son pays maintes fois déchiré par les puissances voisines, le sentiment d’héroïque mais impuissante révolte, l’exil à l’âge de 20 ans loin de sa famille, les amours déçues, la peur du public (Chopin n’aura donné qu’une vingtaine de concerts en dix huit ans de vie parisienne dont quatre seulement en soliste, et préférait vivre d’enseignement), auront fait de cet enfant heureux un artiste tourmenté dont l’oeuvre, presque exclusivement consacrée au piano, exprime de fort nombreux sentiments.
L’attribution d’un prix spécial pour la meilleure interprétation des mazurkas et polonaises au célèbre Concours International Chopin de Varsovie, montre à quel point ces pièces sont primordiales. Présentes tout au long de sa vie, les plus abondantes quantitativement, elles représentent la quintessence de son oeuvre. Nostalgie ou moments de bonheur de sa jeunesse bercée par le chant et la danse, fierté du peuple polonais si souvent opprimé : l’exemple le plus saisissant se trouve dans la polonaise en fa dièse mineur op. 44 au coeur de laquelle se trouve…une mazurka. Si la valse évoque l’ambiance élégante du salon qu’il préférait infiniment à celle de la salle de concert, avec le nocturne, Chopin excelle dans l’art romantique du rubato et du bel canto, tandis que le scherzo nous rappelle que ce mystérieux pianiste était aussi un remarquable virtuose qui suscita bien des jalousies.
Olivier Barli-Majewski