portrait
Darius MILHAUD (Aix-en-Provence, 1892-Genève, 1974)
Sonatine pour clarinette et piano (Opus 100, 1927)

L’oeuvre immense et torrentielle de Darius Milhaud totalise 441 opus. Tous les domaines vocaux et instrumentaux y sont abordés, de la bluette à la fresque grandiose, mêlant avec la même fougue le bon grain et l’ivraie. On s’accorde à reconnaitre qu’entre 1913 et 1925 Milhaud avait amassé suffisamment d’innovations pour ne plus avoir qu’à les féconder. Ce qu’il fit avec ce constant jaillissement mélodique qui n’appartient qu’à lui et une couleur personnelle usant de la polytonalité qui rend sa musique immédiatement reconnaissable. Le Grand Prix de la Musique Française décerné à Darius Milhaud en 1972, deux ans avant sa mort, aura couronné sa longue vie de labeur intense et ininterrompu. En 1918, Milhaud avait uni la flûte, le hautbois et la clarinette au piano dans une Sonate à quatre avant de destiner à chaque partenaire une sonatine avec piano. Celle pour clarinette vit le jour en 1927 et fut entendue deux ans plus tard à la Société de Musique Indépendante avec pour protagonistes le clarinettiste Louis Cahuzac (dédicataire de l’oeuvre) et Marius-François Gaillard. Les deux tempi liminaires portent l’indication très rude. Ils sont donc empreints de cette massivité méditerranéenne propre à ce Provençal de confession israélite, figure de proue du Groupe des Six. Le deuxième mouvement est une sorte de colère rentrée.

Texte de Frédéric ROBERT écrit en collaboration avec Marie-Astrid ARNAL et Thierry BESNARD